Une chose est sûre : on ne va pas s’ennuyer dans le prochain Outrider. Mais d’ici-là, si vous ne tenez plus, si vous avez besoin d’un espace d’expression ou que vous voulez un avant-goût de notre nouvel épisode, voici une critique en bonne et due forme.
Attention, toutefois : le texte ci-dessous est truffé de spoilers !
Only a Sith deals in absolute. Alors pour une fois, laissez-moi être un Sith. Je n’aime pas ça, j’aimerais ne pas en avoir besoin, je promets de repasser du côté clair de la Force plus tard dans ce texte, mais pour l’instant, il me faut rester du côté de l’absolu. Car le film de J.J.Abrams et Chris Terrio l’est aussi, absolu.
Rétropédalage total et systématique de tout ce qu’a pu faire Rian Johnson dans The Last Jedi, sorti il y a maintenant deux ans de cela, The Rise of Skywalker refuse catégoriquement l’idée d’un cadavre exquis, qui nous était pourtant annoncé dès 2015 avec l’arrivée à la barre de Colin Trevorrow, qui succéderait alors à Johnson et Abrams.
Sauf que. Comme un Sith caché à l’autre bout de la galaxie, J.J.Abrams revient. Et il n’est pas content. S’il sera difficile d’identifier ce qui relève du choix personnel ou d’une initiative purement corporate, le résultat est là. Tout a été changé. Snoke. Rey. Luke. Rose. Tout.
Et ce, dès la première scène. On pourrait même remonter au texte déroulant et à ses lettres jaunes. Mais qu’à cela ne tienne. Pendant un temps, on se prend presque au jeu, tout médusé qu’on est devant les décors, la grandiloquence et la bizarrerie qui se dégage de l’ensemble.
A ce titre, la première heure devient une vraie promesse. Une longue et pénible installation de nouvelles intrigues, de nouveaux enjeux et de quelques personnages inédits, mais une promesse quand même. Et là où Abrams gagnait du temps par le mimétisme dans The Force Awakens, The Rise of Skywalker fait le choix du MacGuffin. Ou plutôt, des McGuffins.
Un objet triangulaire qu’on ne saurait appeler un holocron, un vaisseau, puis une dague, puis l’inscription gravée sur celle-ci, avant qu’enfin, la mémoire de C-3PO ne rentre en jeu. C’est long, trop long, mais on sait que les amateurs de lore et autres légendes Sith sauront y trouver leur compte.
En revanche, celles et ceux qui s’intéressent d’avantage à Rey, Finn, Poe et leurs nouvelles aventures se raccrocheront déjà aux branches. Les deux résistants sont d’ailleurs très vites écartés dans une sous-intrigue au goût de serial, mais sans le délicieux lait qui va avec. Abrams aura beau réclamer sa paternité sur le trio enfin rassemblé, le peloton est largement devancé par Rey, toujours connectée à Kylo Ren.
Leur relation est peut-être tout ce qu’il reste de The Last Jedi dans ce neuvième épisode, qui ironiquement, fait une utilisation assez brillante du lien tissé entre les deux personnages. Plus de promesses, puisque tout est réécrit. Trop peu de prestige, si on compare la mise en scène des révélations à celle du film précédent, mais toujours beaucoup de tours, de passe-passe, qu’on adore suivre.
Car il faut bien le reconnaître, même alourdie par une continuité rétro-active et des MacGuffins à ne plus savoir quoi en faire, la fameuse « patte à Jay Jay » reste diablement efficace. Les moments forts s’imbriquent assez bien les uns aux autres, et quelques petits détails nous provoquent de très gros sourires.
Malgré ces fulgurances, le réalisateur ne saurait nous faire oublier The Last Jedi, ni même son précédent film, The Force Awakens, nettement au dessus dans l’écriture comme dans l’action. Et c’est sans doute ici que le bât blesse le plus : en étant très pressé de revenir sur tout un épisode de la saga, The Rise of Skywalker prend le risque de livrer une conclusion qui ne satisfera personne.
On ne va pas se mentir, la bataille finale pourrait tout de même en séduire plus d’un, ne serait-ce que par son échelle complètement dingue. Mais à bien y regarder, c’est aussi à ce moment que The Rise of Skywalker tombe dans les pièges tendus par ses blockbusters contemporains. Après avoir poursuivi un objet sans vie – même si la mémoire de C-3PO ramène un peu de magie – nos héros se retrouvent à affronter une faceless CGI army et un giant blue beam. Ouch.
Pour conclure une saga vieille de 42 ans maintenant, on aurait aimé plus de panache, de tact, ou ne serait-ce que des conséquences : elles sont finalement mineures pour nos personnages. Qu’ils perdent leur place, leur mémoire ou leur chair, ils finissent toujours par les retrouver pour mieux renaître. Les optimistes y verront une belle métaphore sur un mythe que même Hollywood ne saurait tuer. Les plus sceptiques y trouveront déjà un Star Wars calibré, voire pire, instrumentalisé pour mieux servir.
2 réponses sur « The Rise of Skywalker : la critique »
Ohlala je ne sais pas à quoi je m’attendais mais pas à ça non plus. J’avais pourtant été prévenu par tes tweets et ceux de l’équipe de l’outrider. Déjà le générique déroulant m’a assommé par sa stupidité. Quoi la voix de l’empereur du fond la galaxie. Le truc est dropé comme ça. Bon ok soit. L’écriture sur la recherche du mac guffin où les scènes s’enchaîne à une vitesse folles les 30 premières minutes mais quelle horreur ça respire pas. Et bon franchement une fois que tu as fini le film tu te demandes c’était quoi le grand plan de l’empereur. Je laisse un artefact pour qu’on me retrouve. Finalement Ben tu vas être mon successeur, bute la fille. Bon finalement, tu vas me succéder jeune fille mais en faite je vivrais dans ton corps donc vas-y bute moi. Heu mais sinon tu pouvais pas juste te cloner plus jeune. Au final le mec veut qu’on le retrouve mais la réussite est plus qu’incertaine car se basent sur deux artefacts bien planqués. Sans compter que pour un gars omniscient, il laisse plusieurs fois Ben lui faire à l’envers mais n’oublies pas de le contacter pour lui dire bute la fille. J’entends bien que c’est un truc de sith de trahir et de se faire trahir. Mais il y a un truc mal écrit ici. Bon et je passe tout ce qui est cassé du 8, il garde des choses certes : fantôme de la force, relation Rey, Kylo. Mais bon Finn et ses 3 amourettes. Luke et son sabre. Il y a quand même quelques réjouissances. Mais quand même quel bordel ce film… Et effectivement quitte à faire revenir l’empereur ou même les chevaliers de Ren, donnez nous un combat qui marque les esprits. Il me restera de cette trilogies les personnages de Rey, Finn, Ben et Poe (et surtout l’évolution Ben et Rey) mais pour le reste.
Bon je vais digérer tout ça. Désolé si ce commentaire est foutraque, c’est à l’image de mon état en sortant du film. Merci pour ta critique ça aide comme cette longue discussion avec tes potes quand tu sors du cinéma….
Tous les points négatifs de ta critique ont été évoqués dans différents numéros d’OutRider depuis le retour de JJ. A te lire c’est une grosse déception mais pas une surprise. Après cinq films en quatre ans, quid de Kathleen Kennedy ? Si je n’aime pas la structure narrative de TLJ c’est clairement le seul film vraiment intéressant depuis le rachat. C’est un bilan assez maigre. C’est elle qui va chercher JJ après avoir nommé Treverow, qui donne carte blanche aux Kasdan pour Solo, qui vire Lord & Miller pour prendre Howard… sans parler de Rogue One dont le montage final témoigne d’une prod compliquée. On peut aussi parler du cirque médiatique autour de Weiss et Benioff. Sa carrière de productrice parle pour elle mais j’ai du mal à trouver du positif sur sa présidence de LucasFilm. Ou alors le problème est au dessus d’elle, et il n’y a alors plus aucun espoir.